Quercyland et Parc Delmas
Il y avait donc des produits extrêmement dangereux stockés là dans un cagibi, un petit coin de l'immense parc aquatique... Il y avait là une installation électrique dont l'enquête nous dira l'état dans lequel elle se trouvait... Il y avait là des centaines de vacanciers plongeant et replongeant ne sachant pas qu'ils « dansaient au-dessus d'un volcan ».
Et l'on frémit à la pensée que l'accident ait pu se produire sous le soleil plutôt que sous la lune. Et l'on frémit encore à l'idée qu'un tel accident pourrait se produire dans n'importe lequel de ces parcs d'attractions parsemés dans le pays.
Avons-nous oublié, déjà, ces embrasements périodiques de produits nocifs dont les épaisses émanations empoisonnent les populations ? Rançon du progrès diront certains (ne diront pas les morts !) pervertissant ainsi le vocable car le progrès ce n'est pas plus de technique, plus de technologie destructrice de la terre et de ses habitants, de Terre comme dit Bruno Latour, ce n'est pas cette course à l'abîme produite par la consommation effrénée de marchandises de toutes sortes sachant que la mer, les rivières, la montagne et les campagnes se convertissent, sont converties en « Marchandise offerte » par les marchands qui n'ont cure de progrès mais seulement de rentabilité et d'enrichissement de quelques-uns au détriment de tous.
Non, le progrès ce serait bien plutôt l'organisation sociale d'une sobriété rationnelle, égalitariste, juste, n'en déplaise aux adorateurs du PIB et de la mortifère croissance sans limites. Le progrès ce serait plus de justice dans la distribution des biens produits et moins de production d'objets inutiles, car n'est-ce pas un objet inutile qu'un parc aquatique sur la rive d'une superbe rivière ? La question était posée ici même, voici peu, dans la rubrique "Souillac vivant !?", de manière prémonitoire sous le titre " l'Horreur Quercyland". Nous pensons bien évidemment à ces femmes et ces hommes qui vont sans doute se retrouver sans travail, au chômage et dans la précarité.
Ah, l'inusable et spécieux argument de la création d'emplois et de la "dynamisation de l'économie" par le tourisme et la production d'objets inutiles... Cet été ne nous montre-t-il pas à l'évidence que la planète prend feu quand elle n'est pas noyée sous des torrents de boue ?
A propos d'objets inutiles, êtes-vous bien sûr, Monsieur le maire, que votre projet d'aménagement du Parc Delmas est d'une utilité absolue ? Ne pensez-vous pas qu'il y a mieux à faire avec les finances publiques dans un bourg où 20 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ? Mieux à faire qu'enjoliver un lieu déjà fort joli naturellement (mais il semble que la notion de nature vous soit fort étrangère) ?
Et, bien sûr, comme d'habitude, vous avez omis de consulter sérieusement les citoyen(ne)s. Le virus a bon dos, si l'on ose dire, et le numérique est fort adapté à une population de personnes âgées comme le sont les riverains de ce parc, n'est-ce pas ? N'avez-vous pas encore compris que le temps des dépenses de prestige pour des projets spectaculaires est passé et que vient le temps de la sobriété raisonnée au service de tous et particulièrement des plus défavorisés de nos concitoyens ?
Élodie Rouziès et Nestor Romero