Le gaspillage des deniers publics à Souillac (Lot)
Nous venons de recevoir le texte suivant tout à fait instructif :
On devrait lire les compte-rendus des conseils municipaux : c’est souvent très instructif ! Par exemple le Conseil du 10 décembre 2020 à Souillac (Lot), une commune d’un peu moins de 3 300 habitants, qui connaît un déclin démographique net depuis quelques années ; ce conseil a approuvé deux dépenses dont on peut douter de l’utilité : d’une part, un système de vidéo-protection (des caméras) pour 271 000 euros HT, soit un peu plus de 80 euros par habitant (bébés inclus !) et bien davantage si on rapportait cette somme au nombre des contribuables de la commune, comportant une première tranche de 136 184 euros, et, d’autre part, un aménagement des rives de la Borrèze (projet « Chanteranne - Parc Delmas ») pour la modique somme de 808 591 euros, soit environ 245 euros par habitant. Cette dernière dépense apparaît comme particulièrement inutile, faisant dire à certains que les travaux, qui ont déjà commencé, constituent un véritable massacre du seul Parc de Souillac.
Evidemment, l’existence de notre « mille-feuille » administratif et politique (Commune, intercommunalité, département, région, État) autorise les comportements irresponsables de bon nombre de nos chers « élus de la République » qui votent à qui mieux mieux des dépenses inutiles, de sorte que notre pays voit ses dépenses publiques croître de façon toujours plus inquiétante (ce qui contribue au gonflement de sa dette publique). M. Liébus, le maire de Souillac, qui n’a rien retenu de son expérience calamiteuse à la tête de CAUVALDOR (le syndicat de communes du nord du Lot), avec le gouffre financier qu’a représenté le projet délirant et désormais avorté de « cité de la mode et des arts créatifs »1, continue à ne songer qu’à dépenser, toujours davantage. A cela, il pourra répondre, à juste titre, que sur plus d’un million d’euros évoqués dans ce qui précède, la ville de Souillac n’aura à payer que 20 % environ : grâce au mille-feuille ! Conclusion : pourquoi se restreindre, dépensons !
Ainsi, la délibération 2020/110/02 relative au projet « Chanteranne - Delmas » rapporté par Mme Aubrun, précise que sur les 808 591 euros, la ville de Souillac aura à payer 161 718 euros : 20 % seulement ; et le reste ? Le mille-feuille : le Département du Lot (15%), la Région Occitanie (35%), l’« État-DETR »(30%).
Quelle est cette rubrique « État-DETR » ? Il s’agit d’une dotation de l’État pour l’Equipement des Territoires Ruraux à laquelle peuvent prétendre les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre ; dans le cas présent, probablement CAUVALDOR.
Tout cela pose question sur les comportements de ceux qui ont le pouvoir d’engager des fonds publics.
Le représentant de l’État, le préfet du Lot, tout d’abord : quel contrôle fait-il (ou ne fait-il pas) du bon usage, a priori, des fonds de l’État « DETR » ?
Les élus ensuite. Pour le maire de Souillac, inutile d’insister, il est incorrigible : il veut dépenser, pas seulement pour les rives de la Borrèze, aussi pour son projet de l’abbaye, avec un amphithéâtre de 600 places ! Mais il y a les autres élus : ceux de CAUVALDOR, ceux de l’assemblée départementale, ceux de l’assemblée régionale : sur la base de quoi se déterminent-ils pour voter ces « participations » ? Est-ce sur l’unique base du dossier présenté par un maire un tantinet mégalomane ?
Les habitants de Souillac seraient bien inspirés de demander des comptes à leurs élus….
Cassandre DULOT
1A propos de ce projet et du fonctionnement de la filiale de CAUVALDOR pour le développement économique, on peut s’étonner que la Cour régionale des comptes n’ait pas procédé à une investigation poussée de ce qui a été fait.